Albert Laura, le cougourdonnier de Vence
Albert Laura, le cougourdonnier de Vence,
qui sculpte les Courges pour les rendres magiques…
Sous un nom qui fait souvent rire ou sourire, les courges constituent, dans la grande famille des Cucurbitacées, le genre le plus connu et le plus cultivé dans le monde. La diversité de leurs formes et de leurs couleurs est infinie : des plus petites aux plus grosses, elles réservent toujours des surprises et si on ne les consomme pas, on peut les utiliser comme ustensiles ou pour leurs qualités ornementales, aussi bien dedans que dehors. Cependant, il ne faut pas oublier qu'elles se conservent longtemps, qu'elles ont du goût et qu'il est de ce fait intéressant de les utiliser dans des préparations culinaires aussi nombreuses que variées.
Un peu d'histoire
Les hommes utilisent les gourdes ou calebasses depuis près de dix mille ans. Elles servirent d'abord de gourdes, c'est-à-dire de récipient pour le transport de la boisson, dans le monde entier : sculptées en Afrique, elles étaient paillées en Thaïlande après avoir subi divers traitements pour devenir plus étanches (elles étaient passées au four, enduites de graisse, bouillies dans le vin ou enterrées dans la boue).
On les a également utilisées un peu partout comme récipients et ustensiles de cuisine (saladier, bol, passoire, louche...), en particulier en Afrique. En Amérique du Sud (Argentine et Chili), elles servent pour boire le maté.
On les attachait aux ailes de moulins à vent pour réveiller le meunier si le vent tombait, ou autour de la taille des enfants en guise de bouée. On en faisait aussi des jouets, des hochets par exemple. Comme pièces vestimentaires, elles ont parfois servi de chapeaux, mais surtout comme étuis à pénis.
On les a utilisées pour la fabrication de masques en Amérique du Nord, à Hawaii et en Nouvelle-Zélande, et aujourd'hui encore on les grave ou on les sculpte en Colombie, au Pérou, au Nigeria, en Nouvelle-Zélande ou au Mexique pour les vendre aux touristes. En Chine, on en faisait des cages à grillons ou des tabatières, en Afrique et en Asie des pipes pour fumer la marijuana et le tabac. Elles ont servi et servent encore de nichoirs pour les oiseaux.
Enfin, elles sont très largement utilisées comme instruments de musique : maracas, grattoirs (güiros d'Amérique latine), sansa et kasaï du Zaïre, xylophone (marimba du Sud-Est africain, de Sierra Leone, du Ghana), tam-tams et tambours, flûtes des charmeurs de serpent du Pakistan, cora d'Afrique, balafon, sans oublier la gratua et le petadou des Niçois.
Un VIEUX MÉTIER : COUGOURDONNIER
Cougourdon est le nom méditerranéen du fruit d'une plante de la famille des Cucurbitacées appelée scientifiquement Lagenaria vulgaris que l'on trouve sous les noms de calebasse, gourde, gourde pèlerine, courge bouteille, amphore... On le cultivait traditionnellement pour la fabrication d'objets utilitaires tels que louches, récipients, gourdes, écumoires à olives, boîtes, etc.
Après quelques mois de séchage, le cougourdon est complètement déshydraté. Il est léger, très solide, imputrescible. Autrefois, il était souvent gravé aux initiales de son propriétaire, à l'aide d'une pointe en fer chauffée sur des braises. Autour des lettres se sont ajoutés des motifs décoratifs très variés. De simple passe-temps, cette activité est devenue un véritable métier et les artisans ont pris le nom de cougourdonniers ».
Au début du XXe siècle, leurs œuvres n'étaient plus seulement utilitaires mais aussi décoratives et ainsi destinées à agrémenter les intérieurs riches ou modestes des Niçois et des touristes.